Atelier: Cinéma et Pensée

Thème proposé: Reconnaissance et Légitimation

Faire dialoguer Cinéma et pensée tel est notre horizon dans cette section du festival que nous poursuivons cette année dans une formule que nous voulons provisoire, expérimentale et nécessairement inachevée: Pendant trois jours, acteurs du champ cinématographique et universitaires seront conviés à une réflexion commune autour des questions de Cinéma et de leurs prolongements historiques, politiques
et philosophiques .

Pour cette année nous avons choisi de mettre en débats une question qui part de constats lesquels de par leur permanence deviennent problématiques et loisibles d’une réflexion plus ample: La réception des films arabes dans les instances de légitimation que sont les festivals internationaux de Cinéma et cette quête quasi obsessionnelle de reconnaissance qui en découle chez les cinéastes arabes. Cette posture est à première vue légitime (et pas nécessairement limitée aux cinéastes arabes)mais elle sous entend l’allégeance à un « Centre » perçu comme puissant, « sachant », légitimant qui finit par imposer un certain Cinéma. Celui du discours, de « l’ancrage culturel », du témoignage politique.Un Cinéma « reflet » de cet Orient tel qu’on aimerait le voir et se le représenter, un Cinéma de l’assignation identitaire qui évacue cette part de l’art au principe de toute œuvre filmique. Ce pouvoir symbolique de légitimation a pour corollaire l’intériorisation( consciente ou inconsciente ) par les cinéastes d’ici d’un cahier des charges implicites qui finit par perpétuer un propos et une forme en congruence avec les attentes exprimées par les instances omniscientes et légitimantes que sont les grands festivals de Cinéma.

Il ne s’agit pas de procéder à une généralisation qui serait injuste pour certains festivals et un certain Cinéma arabe, encore moins de céder à la paranoïa « complotiste», mais beaucoup plus de pointer une tendance qui nous semble de par sa persistance dans le temps avoir induit un « formatage » des formes filmiques.

Notre ambition est de mettre en débats ce pouvoir de légitimation « naturalisé » et « indiscuté » et la traduction de « la demande de reconnaissance qu’il enferme », d’en explorer ce qui est en au fondement et ce qui en découle en termes d’enjeux politiques historiques et culturels à la faveur d’un triple prisme:

Celui des Etudes décoloniales et post-coloniales
Celui de l’esthétique et de la théorie de l’art
Celui de l’Histoire culturelle